Chasse aux trésors dans les Vosges du Nord
Dossier de presse
De Bombay en passant par Lourdes
Dans les granges et les multiples recoins attenants au corps de ferme alsacien où Sophie et Théophile ont emménagé avec leurs enfants ; icônes religieuses, faïenceries et chinoiseries se pressent l'une contre l'autre en des monticules savamment organisés... Car en choisissant de quitter la ville pour un village rural de 400 habitants en 2008, le couple a réalisé son rêve : vivre une vie en accord avec sa passion pour les trésors sans valeur, pour les merveilles oubliées ; une de celles où les petites choses étranges et colorées sont les plus importantes. « Notre maison est une ancienne ferme (granges, hangar, étable, cave à betteraves, porcheries, poulailler...) sur un terrain planté de fruitiers, de grands arbres et traversé par un petit ruisseau en bordure de village, explique Sophie. Quand nous l’avons achetée, elle était inhabitée depuis les années 90. Son toit était éventré et l’eau avant ruiné les planchers... Il n’y avait pas l’eau, ni l’électricité, ni le chauffage. Un ami tailleur de pierres a repéré des encadrements de portes et de fenêtres datant de la renaissance, du 17ème siècle. Le linteau d’une des granges porte la date 1848 gravée, et les travaux d’aménagement les plus récents de certaines pièces ont été réalisés dans les années 50.»
"Magic Brocante est un prétexte pour collectionner et partager notre passion. Nous adorons les décalages, les confusions de genres, de couleurs et d’époques. Faut que ça chante !"
C'est dans ce décor au carrefour de nombreuses époques que s'expose la collection du couple, elle-même hautement bigarrée : ici, pas de pièces de designers ou de mobilier industriel. Le duo s'accorde autour d’une notion chamarrée du vintage en « toc », teintée par une admiration pour les cultures traditionnelles et les bondieuseries « ignoblement belles », comme les qualifie si bien Théophile. Tous deux ont été initiés à l'art de la chine dès le plus jeune âge : « Avec ma maman on faisait les encombrants, avec mon papa on faisait les décharges, se souvient Sophie. Avec la mamie parisienne on parlait beaux objets et on allait aux musées. Avec ma grand tante dans un petit village de la Marne j’allais dans le grenier de la ferme pour fouiller et trouver des trésors, des vieux paniers et des landaus... Magic Brocante est un prétexte pour collectionner et partager notre passion. Nous adorons les décalages, les confusions de genres, de couleurs et d’époques. Faut que ça chante ! Depuis que je suis toute petite, j'adore par exemple me promener dans les cimetières. Tant de belles ferronneries, de couronnes de perles anciennes, de prénoms, d’anges, de vies passées et de calme. Et puis il y a ces fleurs. Surtout celles qui sont jetées ! Les grands bacs poubelles sont pour moi comme les chars des corsos fleuris de la Belle époque dans lesquels je peux me servir et projeter de faire des décors merveilleux. »
Et Théophile d'abonder à sa façon : « Dans le village où je passais mes vacances petit, il y avait un brocanteur ferrailleur dont le foutoir à exercé sur moi une fascination très forte que je ressens encore aujourd'hui. Je me souviens déambuler dans le dédale de vieux meubles et d'objets rouillés entassés dans la cour, j’étais aux anges... Quand nous avons visité notre future maison avec Sophie, nous sommes tout de suite tombés sous le charme. Elle était à  l’abandon depuis longtemps, les restes étaient pleins de poésie, et il y avait un énorme tas de carcasses de voitures des années 30 dans la grange ! J’aime les voitures rouillées, les pneus crevés, fatiguées, pleines de toiles d’araignées et de poussière comme si on les découvrait en ouvrant une vieille porte. Cet état me touche beaucoup. On sent le temps qui a passé et qui n’est plus. Je trouve leurs ailes, leurs poignées, et tous les accessoires tellement sculpturaux... On peut ne pas jeter les objets devenus désuets mais plutôt reconnaître leur charme et leur utilité ; reconnaître la beauté d'une vieille bassine en plastique ou d'un tableau religieux douteux...»
Collectionneurs invétérés chinant partout et tout le temps, même en voyage, les deux époux ont rapidement dû trouver une solution pour remettre en circulation une partie de leur collection à la croissance exponentielle : Magic Brocante est alors née en 2018. Ce qui devait permettre de dégager de l'espace est vite devenu un plaisir et Théophile confesse volontiers qu'emballer et expédier les commandes lui donne l'impression de fêter Noël tous les jours !
"Nous n’allons pas gommer l'histoire de la forge, mais la souligner et laisser les traces de cette activité ancrée dans les murs."
Nature et gîte éco-musée
Cette sensibilité aux ramifications écologiques verra bientôt éclore un nouveau projet d'envergure, car ce cadre de vie verdoyant dans lequel sont nés Roméo (12 ans), Gretel (11 ans) et Magic Brocante, a aussi permis à une idée de germer. Le couple souhaite rendre ce quotidien qui lui est si cher accessible à ses futurs visiteurs, et inaugurera un gîte éco-musée dans une ancienne forge accolée à leur maison d'ici à l'été 2025. « C'est ce cadre qui nous a motivés à oser quitter la ville : il a pour nous une valeur inestimable. Nos enfants peuvent se promener seuls, faire du vélo, construire des cabanes, et jouer dehors tout le temps ! Nous voyons passer les saisons, fleurir les arbres et nous faisons des glissades en hiver. C’est idiot, c’est simple, c’est un véritable bonheur... » déclare Sophie.
« Quand nous cherchons une maison pour passer les vacances, explique Théophile, nous essayons toujours de trouver un endroit qui n’a presque pas été rénové, un endroit où on sent le temps qui a passé. Trop de gîtes sont rénovés de manière fonctionnaliste, et le confort étouffe la sensibilité et la poésie du lieu, déplore-t-il. Nous voulons, d'une part, sauvegarder la forge et l’atmosphère du quartier, et, d’autre part, la restaurer en essayant de la respecter. Depuis plus de dix ans, nous nous imprégnons de cette vie à la campagne. Il nous a fallu tout ce temps pour nous installer et maintenant nous commençons à créer. Nous sommes arrivés à une sorte de maturité pour rendre et partager ce qu’on a reçu ici. »